Originaire du Ghana, le Kente, encore appelé Kita (en Côte d’Ivoire) est un type de tissu de soie et de coton composé de bandes de tissu entrelacées pour former des motifs et des figures aux couleurs vives.
‘’Kente’’ vient du mot ‘’kenten’’, qui signifie ‘’panier’’ dans le dialecte Ashanti. Tissé depuis plusieurs siècles par le peuple Akan-Ashanti, ce tissu était l’apanage des notables, des personnes de haut rang ou de lignée royale. Aujourd’hui le port du kente s’est démocratisé. Cependant, loin d’être un simple tissu, c’est un langage, un véritable code de conduite lisible au travers des couleurs, des formes et des motifs.
Les origines
Selon la légende, le tissage du Kente serait à l’origine d’une araignée géante, la fameuse Anansi. En effet, celle-ci aurait été surprise en train de tisser sa toile par deux amis, Krugu Amoaya et Watah Krabann du village de Bonwire, partis dans la forêt chasser du gibier. Émerveillés, ils auraient décidé d’imiter l’animal une fois retournés au village pour confectionner une étoffe, d’où la naissance du Kente qui fut par la suite gracieusement offert au Roi. Celui-ci, séduit par la splendeur du pagne, décida de les élever au rang de la royauté et ils devinrent les tisserands attitrés du Roi. C’est ainsi que le kente devient l’apparât des rois. Porté par les dirigeants à la manière d’une toge romaine, il symbolise la richesse et l’opulence, mais aussi le savoir-faire d’un peuple. A cette époque, seuls le Roi et ses proches peuvent porter ce tissu de valeur, les citoyens lambda n’y sont pas autorisés. Lorsque le roi ashanti est déchu par les colons britanniques et exilé aux Seychelles en 1896, la production de Kente augmente ; sans figure royale, la restriction perd de son sens et le port du tissu se démocratise.
Comme pour tous les pagnes traditionnels, le Kente est utilisé pour les moments forts de la vie et est porteur de messages. Sa valeur culturelle se retrouve jusque dans la signification des couleurs, des formes et des motifs.
Signification des couleurs
A l’origine, les tissus sont essentiellement noirs, blancs ; c’est avec l’arrivée de teintures importées de l’étranger que le Kente va devenir progressivement le tissu haut en couleurs que nous connaissons aujourd’hui.
Jaune : symbolise la richesse, la générosité de la terre, l’opulence du soleil
Vert : exprime la vie, la nature, la prudence et la bonne santé
Bleu : signifie la sagesse, la patience, l’humilité, le ciel et la terre
Blanc : symbole de pureté, d’innocence, de spiritualité et de paix
Noir : symbole de l’occultisme, du savoir caché, du deuil, du mystère et de l’obscurité
Rouge : symbole politique et spirituel, effusion de sang, rites sacrificiels et la mort
Marron : couleur de la « mère terre », associée à la guérison
Violet : Symbole de la féminité
Argent : Couleur de la lune, il symbolise la sérénité, la pureté et la joie.
Symbolique des formes
A la symbolique des couleurs, il convient d’associer celles des formes et motifs géométriques. Il en existe 5 : le carré, le triangle, le losange, le cercle et la croix. Le carré, symbole de la terre et du cosmos, ses quatre côtés représentent la jonction et l’union de ces deux entités. Il est associé à la féminité, car la femme, au-delà de sa vie (naissance-existence-mort-élévation) donne la vie (création-procréation). Cette figure est très présente dans le kente pour rappeler que la société Akan est matrilinéaire.
Le triangle représente avec ses trois côtés la vie. La base symbolise la naissance (l’émergence au monde) et l’existence (la réalisation de soi et de sa destinée). Le sommet quant à lui symbolise à la fois la mort (physique) et l’élévation spirituelle. Les trois côtés du triangle sont aussi assimilés à la famille. C’est le principe masculin et le principe féminin qui s’unissent pour donner un troisième principe à l’instar du père et la mère qui donnent naissance à l’enfant ou encore comme l’intellect et le cœur donnent naissance à la volonté. En somme, le triangle, c’est la complétude simple. Il représente la vie de l’homme. Le losange est composé de deux triangles juxtaposés reposant chacun sur la base de l’autre, l’un à l’endroit et l’autre à l’envers, cette figure se retrouve dans beaucoup de kente portés par les rois et chefs pendant les grandes cérémonies. C’est le signe de la dualité existentielle du monarque (ou du chef), de son existence en tant qu’humain représentée par un triangle (celui du haut) et de celle en tant que chef (triangle du bas). Ces deux triangles ont des bases ouvertes, ce qui signifie que le destin de l’homme et celui du chef sont liés. Tous ses actes en tant qu’homme et chef concourent à son prestige et à celui de l’institution royale.
Le cercle, cette figure géométrique représente l’infini. Le cercle fermé n’a ni fin ni début. Il est assimilé au pouvoir en tant que concept de l’infini, qui transcende le temps. Tout comme la royauté intemporelle et dont les origines se perdent souvent dans la nuit des temps. Le cercle plein représente l’univers, la société, la communauté des hommes. Cette figure d’essence divine se retrouve dans presque tous les kente portés pendant l’intronisation d’un roi pour rappeler sa divinité au peuple. La croix ramène au mouvement de l’eau et du feu mais surtout aux quatre points cardinaux. Quand on étend les bras, c’est une croix qui symbolise la force vitale, le souffle de vie, le repère existentiel. On retrouve la croix sous plusieurs formes dans les kente mais aussi dans un autre pagne akan, l’adinkra.
Reviews
There are no reviews yet.